97% des vins que nous dégustons à la Revue sont âgés de 2, 3, 4 ans max. Les plus grands sont timides, serrés, sur la réserve. Le jeu est de les noter en estimant leur potentiel de garde. Nous verrons dans plusieurs années si les 2008 de Champagne sont étincelants, si les 2009 de Bourgogne sont magnifiques, si les 2009 de Bordeaux sont immenses...
Mercredi dernier, deux fous, deux frères, nous ont offert une dégustation spectaculaire(issime) !
Dans un restaurant du VIIe arrondissement de Paris le bal commence avec un magnum de blanc de blancs fougueux, tranchant serré, encore très jeune sur des notes grillées et d'agrumes. La matière est belle et fraîche, facile, un poil consensuelle : Dom Ruinart 1998 (16,5/20). Déjà 13 ans mais il impressionne par son incroyable jeunesse, les impatients le passeront en carafe, les autres attendront au moins trois ans pour la sabrer.
Dd'O dégaine un magnum doré, évolué, col(or)é, finement boisé, cire d'abeille, morilles, miel... L'effervescence s'estompe dans le verre, mais le jus est vineux et impressionne par sa puissance douce canalisée tout en longueur. Bien épanoui, un fil d'acidité est encore là pour le faire tenir, il fallait l'ouvrir ce soir ! Une poularde aux morilles fera l'affaire du champagne de James Bond dans Demain ne meurs jamais : Bollinger La Grande Année 1989 (17/20
En réponse, JM sort de sa jupe une bouteille de Bollinger La Grande Année 1999 (17,5/20), riche, vineux, d'un fruit mûr et brillant, il trace une allonge intense et fraîche. Un délicieux classique de Grande Année. Racée, c'est une version plus tonique qui ira beaucoup plus loin que le 2000, rond, dodu et bien ouvert, la pointe mentholée ne saura lui donner assez de fraicheur pour durer. A boire absolument.
Mine de rien, nous voyons nos verres se défaire doucement de leur robe dorée... Les effervescents laissent place tranquillement au Meursault-Perrières 2004 des Comtes Lafon. Un bouquet très murisaltien s'ouvre doucement, une chair poignante, dense et grasse mais tendue par la minéralité du premier cru. Schizophrène, pour les novices, il se montre ultra-gourmand, pour les amateurs, il se change en grand meursault perforant. Le genre de bouteille qu'on boit d'un trait. En face, un corton-charlemagne 2000 de Roumier est bien évolué, facile, enrobant avec une pointe exotique, l'émotion n'est pas aussi grande. Buvez-le !
Les rouges ne couraient pas la table ce soir là mais le Clos de Tart 1998 impressionnait par sa concentration, sa puissance et sa droiture. Encore jeune et une structure carrée, mais un grain de tanins très très fin. A garder longtemps, longtemps...
Nous terminons la soirée avec un magnum de Comtes de Champagne 1964 (même pas né !) qui malheureusement n'avait pas survécu. Certainement à cause une vie malmenée... De la même année, JM est bien mieux conservé ((((:
Quelle soirée ! Thank you the foos !
Autres vins dégustés:
Charmes-Chambertin Joseph Roty 2004
Laurent Perrier Grand Siècle des années 1970 magnum
Dom Ruinart 1986 magnum
Sauternes Château Coutet 1964