Du crottin (de chèvre) pour mon Fieuzal !

samedi 11 février 2012

Les accords mets-vins, c’est un peu comme les visites chez la vieille tante Yvette : ça rabâche beaucoup et ça laisse toujours un goût de déjà-vu dans la bouche. Mais bon, on s’y essaie malgré tout parce qu’au fond, comme la vieille tante Yvette : on les aime bien.

Du coup comme je dinais en famille ce soir à 80% (les 20% restant étant un architecte plutôt sympa, mais c’est une autre histoire), je me suis dit qu’il fallait bien essayer de s’accorder un peu.

J’ai entamé la conversation sur un carpaccio de Saint-Jacques au zeste de citron vert et au parmesan accompagné d’une sauce (froide) au poivre du Sichuan. Pour dynamiser un peu la Saint-Jacques, plus springteuse en finesse que coureuse de fond en puissance, j’avais mis au frais un Crémant d’Alsace d’Arthur Metz. Alliage de pinot noir, pinot blanc, riesling et auxerrois. La finesse de la bulle, la fraicheur des arômes d’agrumes et de poire ont fait sortir la belle de sa coquille et l’ont aussi bien poussée dans ses derniers retranchements que l’aurait fait un aimable champagne. Moins caractériel et plus diplomate, ce petit crémant a su caresser le pectinidé (c’est son nom de famille, celle de la Saint-Jacques hein, pas la mienne) dans le sens du poil.

Ensuite on s’est dit que c’était trop bête d’en rester là. Alors on a attaqué un rôti de bœuf dans le contre-filet d’une tendreté à faire pleurer de bonheur mon boucher (qui est un type formidable à l’instar de mon épicier). Pour les curieux, sachez que le contre-filet c’est comme le faux-filet : situé de part et d’autre de l’échine et contre le filet (comme son nom l’indique), il longe la colonne vertébrale de la bête et garnit avantageusement nos assiettes. Oh et pour l’anecdote, le roi Henri VIII d’Angleterre (mais si, vous savez, celui qui est fou, on l’a vu à l’œuvre dans la série the Tudors) aurait anobli le contre-filet en lui octroyant le doux titre de Sir devant son nom de loin (Aloyau ou loin, le contre-filet en est un morceau)… d’où le Sirloin… Bon on s’égare un peu. Avec le rôti, j’avais fait quelques épinards juste blanchis, bien dégorgés et revenus à la sauteuse avec des échalotes. Pour arroser le tout, un château de Fieuzal 2007 ouvert une heure et demi plus tôt. 50% Merlot, 50% Cabernet Sauvignon, une texture soyeuse qui fait patte de velours sur la langue, aussi tendre que le rôti. Bref, rôti et Fieuzal, ça l’a fait Graves ! Voilà un accord qui n’est pas très original, un point pour vous. Mais il s’est trouvé qu’on a traîné le Fieuzal sur le terrain du fromage, et là un superbe accord plutôt inattendu : Parthenay/Fieuzal. Là, vous vous dites : C’est quoi le Parthenay ? C’est un fromage de chèvre fermier qui se distingue par une légère âpreté en bouche au niveau de la texture que compensent fraicheur et jeunesse. Le soyeux du Fieuzal en réduisait l’âpreté et complétait sa douceur de caractère par un fruit discret, tout en suggestion. Un vrai accord de Saint-Valentin : subtil, caressant et suggestif. De quoi devenir chèvre à force d’en faire un fromage, alors allez-y, testez un coup et revenez-nous. Qui sait, on béguètera peut-être ensemble ?

Maman donne-moi une recette !

vendredi 3 février 2012
Le gâteau de Savoie, la daube provençale, la blanquette de veau, le curry d'agneau, l'aïoli... Toutes ces recettes je les tiens de ma mère. Malgré ses jérémiades et sa mauvaise humeur à cuisiner elle faisait bien et bon, tout en râlant... C'est ma mère... Elle ne travaillait pas... Moi je bosse, je cuisine aussi... et je râle aussi, comme ma mère. Quant à apprendre à mes enfants à cuisiner, je n'en ai ni le temps ni la patience. Pourtant, ce matin, j'ai ouvert le dernier numéro de Cuisine et Vins de France, page 93 rubrique "Envie de..." et je leur ai dit : " Ce soir j'ai envie d'un crumble aux pommes, tout est écrit dans la recette, je vous fais confiance..." Ravis, ils garderont la monnaie des courses pour leur cagnotte et j'ai mon dessert assuré (enfin, j'y crois) pour mon dîner de ce soir... Je suis partie travailler, le cœur léger, consciente d'avoir transmis à César et Iris, le bon goût et l'envie de cuisiner.  La transmission des recettes de famille c'est justement le sujet dossier principal de notre dernier numéro bourré d'idées vin et de nouvelles recettes  :  poulet au riesling, pastilla au fruits de mer, bouillon aux légumes racines et foie gras, crumble au citron, kougloff aux lardons et vieux comté,  bugnes, cake chocolat-gingembre...