Samedi soir en sortant du salon des vins de la Revue du vin de France, dîner en toute amitié avec Maurice Velge du Château Clauzet (Saint-Estèphe) juste en face du palais Brongniart, au Mori Venice Bar. Le vitello tonnato dans l’assiette est déjà froid, ça me laisse le temps d’admirer le beau ténébreux qui se répand dans mon calice ; sicilien magnifique d’âge mûr, musclé, au toucher de velours, 2004 abouti dont les effluves entêtants m’ont fait oublier son nom. A table, on devise du marché bordelais. Maurice Velge a déjà vendu une grande partie de son 2009 à 8,70 € en primeur. Un prix d’une extrême sagesse, le consommateur, lui, le touchera entre 13 et 15 €. Inratable à ce prix : Clauzet est ce que l’on peut appeler un pilier de cave. Jeune, saint-estèphe dans la trame, il est robuste et puissant et, avec les années, s’envole vers plus de lyrisme. 2004 et 2007 goûtés au salon confirment la faculté du vin à devenir plus élégant, subtil et sage dans le temps. On est loin des prix stratosphériques des grandes étiquettes bordelaises dont les sorties en primeur pourraient une fois de plus crever la couche d’ozone déjà mise à mal par le carburant les tracteurs.
Les grands crus de Bordeaux sont sur le marché de la spéculation : justement, au rez-de-chaussée de la Bourse, là où jadis était la corbeille, Angélique de Lencquesaing, d’iDealwine, évoque le phénoménal marché chinois, capable d’englober à n’importe quel prix les flacons griffés du classement de 1855, devenus marques de luxe au même titre que le Kelly d’Hermès, le tailleur Chanel ou Lady Di de Dior, versus spéculation, car le vin, lui, se bonifie avec le temps…
Les grands crus de Bordeaux sont sur le marché de la spéculation : justement, au rez-de-chaussée de la Bourse, là où jadis était la corbeille, Angélique de Lencquesaing, d’iDealwine, évoque le phénoménal marché chinois, capable d’englober à n’importe quel prix les flacons griffés du classement de 1855, devenus marques de luxe au même titre que le Kelly d’Hermès, le tailleur Chanel ou Lady Di de Dior, versus spéculation, car le vin, lui, se bonifie avec le temps…
Si la Revue du vin de France fait salon au palais Brongniart, ce n’est que pur hasard et pourtant… On pourrait imaginer les courtiers autour de la corbeille passer des ordres au nom des agents de change (ou du négoce bordelais) pour le compte de riches spéculateurs étrangers… Des bouteilles qui jamais ne seront ouvertes, mais vont voyager de continent en continent, grossir des comptes en banque déjà bien fournis. L’argent a ici l’odeur du vin dont pourtant personne ne profitera. On s’en moque, nous, on goûte du plaisir avec des vins franchement plus abordables (Respide ou Clauzet) car notre luxe, c’est ce rapport prix-plaisir.
Le petit frère du beau sicilien ramène ses épaules musclées, la deuxième bouteille disparaît aussi vite que son aînée. Le Mori Venice Bar était « the place to be » samedi dernier, on y croisait les Dauga, scénaristes attitrés de quelques jolies productions de « vin nouvelle vague » et Julie et Xavier Gonet-Médeville, aux allures glamour des Brandgelina, et dont les étiquettes bordelaises (Respide-Médeville, Les Justices, les Eyrins, Gilette) et champenoise (Gonet-Médeville) grimpent les marches du palais au festival des crus qu’il faut avoir goûtés dans une vie.
On va avoir besoin de vous, les bons critiques, pour nous indiquer les nouvelles valeurs sûres du Bordelais... Sinon bientôt cela sera ni la bourse ni le vin...
XX
JJ