De retour du Jura

mardi 28 juin 2011
Avec du savagnin plein le nez, des marnes grises, bleues ou roses plein les yeux et le Revermont en toile de fond : trois caves parmi tant d'autres signent la formidable originalité des vins du Jura, vignoble du passé, du présent et surtout de l'avenir.
En avant -première en attendant la sortie du Hors Série Vins de Cuisine et Vins de France fin août.
Les photos sont de Jean-Luc Barde, les décors du Jurassique et les costumes des vignerons. 


Denis Grandvaux, Franck Vichet et Nicolas Baudet
Denis Grandvaux, Franck Vichet et Nicolas Baudet
Le Caveau des Byards est statutairement une coopérative qui fonctionne comme une cave particulière et pour cause… Seulement 40 hectares de vignes et 16 coopérateurs dont deux cumulent 33 hectares : Denis Grandvaux et Franck Vichet en compagnie de Nicolas Baudet, le caviste. Avec une forte  proportion de chardonnay dans ses approvisionnements, la cave excelle dans la production de  crémants dont une bulle née en 2008 (8€), pour rafraîchir n’importe quel apéro. En rouge ,le trousseau 8€ à la cerise fraîche aux notes épicées et à la finale sur le cassis vaut aussi un beau gibier. Le côte du jura Gryphée du nom du fossile du coin, élégant dans son costume oxydatif, on trouve aussi un étoile, un vin jaune très fin soit toute la gamme des appellations du Jura
Caveau des Byards
39210 Le Vernois
Tél. 03 84 25 33 52
www.caveau-des-byards.fr


Julien et Charline Labet
Trois Labet sur un domaine élèvent chardonnays et savagnins en suivant la plus noble des philosophie : l’Epicurisme. Tout n’est que plaisir derrière les étiquettes d’Alain, Julien et Charline, qui produisent peu de jaunes, mais une ribambelle de cuvées très distinctes puisque respectueuses du terroir. Les levures sont celles de la cave et de la vigne ; les vins vivent en barriques protégés et nourris de leurs lies. Julien Labet a isolé 3 hectares sur le domaine familial pour travailler ses propres étiquettes et la pureté de sa ligne. Au top niveau de la dégustation : les Varrons 2008  pur produit de la nature, sans souffre, cristallin comme l’eau de roche, mais c’est du vin ; Fleur de Savagnin 2009, floral et salé dans sa finale ou Fleur de Chardonnay , juteuse gourmandise. Enfin parce qu’il faut s’arrêter –à contre cœur-  le Chardonnay En Chalasse 2009 sans souffre que l’on découvre dans les finales, plus intense que jamais. Les vins de Julien ont cette intensité merveilleuse surtout en milieu et en fin de bouche, lorsque les marnes du lias  disent la minéralité du vin.
Domaine Labet Vignerons
30190 Rotalier
Tél. 03 84 25 11 13

Anne-Laure et Damien Petit
Parce que, pour mieux revenir il faut partir, Damien s’en est allé vinifier de part de monde. De retour il rachète avec Anne-Laure la totalité du domaine familial de leur grand père Désiré Petit. Le Jura était enclavé, il  lui font passer les frontières de la Franche-Comté ouvrant chaque année en juin leur cave pour recevoir des milliers d’admirateurs de leurs cuvées issu d’un vignoble de 24 hectares qui prend la tangente bio. L’Essen’ciel 2009 est un arbois pupillin savagnin (10€), au nez intense de camomille, finement boisé sur une trame vive et fraîche soutenu d’une légère amertume. Avec leur ploussard , ils composent un 2009 ferme en bouche, éclatant de gourmandise avec un fruit délicat qui s’étire en bouche ( 7,40€) . Enfin leur vin jaune d’Arbois, offre dans son millésime 2003 (26,90€), l’harmonieuse intensité des grands savagnins à la complexité auréolée d’une pointe de tabac et de curry .



Domaine Désiré Petit
39600 Pupillin
Tél. 03 84 66 01 20
www.desirepetit.com

 

Domaine de Courcel Pommard 1er cru Grand Clos des Epenots 1999

dimanche 19 juin 2011
Mon carnet de dégustation Excel le dit catégoriquement. Il aura fallu attendre le 768e vin dégusté pour le Guide des meilleurs vins de France 2012 pour éprouver une telle sensation. Plantureux, trapu, costaud... des adjectifs peu flatteurs souvent utilisés pour décrire un pommard. Pourtant, le pinot noir peut puiser sa finesse et son élégance dans les argiles, marnes et calcaire. Le premier grand clos des Epenots 1999 du domaine de Courcel en est la parfaite illustration. Un bouquet parfumé, encore légèrement sur la retenue, sur des notes de griotte, fraise, violette, poivre, clou de giroffle, sous-bois... Une palette complexe infinie. Il se glisse doucement en bouche, enveloppe la langue et là... Une expérience rare en dégustation. La chair tendre et épaisse de ce chaleureux 99 se déploie. Onze ans mais vigoureux, voluptueux, il encercle le palais de ses saveurs d’épices et d’humus et se fait guider par ses infatigables tanins. Il évolue noblement tiendra encore longtemps. Nous le regoûterons dans dix ans. Marqué par le temps, il garde toute la beauté et la vitalité de sa jeunesse. D'une parfaite harmonie. Somptueux. Un grand bourgogne. Y a plus qu'à trouver une bouteille pour la siroter avec un pigeon... des Dombes.
19/20
Prix: N.C.

Les beaux gosses du vin

mardi 14 juin 2011
De gauche à droite: Olivier Magny, Cyprien et Damien Arlaud, Jean-François Rovire, Thierry Germain, Jean-Jérôme Carre, Rémy et Damien Denost. Photo par Jean-Luc Barde.

Entre elles, les filles parlent famille, culture, mode, politique, cuisine, boulot et des hommes…. Ceux dont elles rêvent, ceux qui leur font du bien, qui leur font du vin, leur servent ou leur apprennent... Voici huit sujets, parmi la nouvelle vague des hommes du vin.

Petrus et Yquem au verre ! Olivier Magny ne manque pas d'air, ses bouteilles, elles, en sont protégées : alignées comme au 14 juillet derrière l'immense comptoir de son nouveau bar à vin entièrement voué au plaisir… Restons calmes, mais pas sobres : celui du vin. Trénet s'invite à table, Tiffany Depardieu innove en cuisine, elle a fait Top Chef, c'est dire si elle sait cuire... Chez Olivier, c'est the place to drink à volonté un verre de grand cru ou une simple étiquette du pays et les premiers prix frisent 2,50 €. Il fait vieillir ses vins et parle l'anglais de circonstance pour des étrangers venus apprendre chez lui. Comme il passe 20 heures par jour, 68 rue Jean-Jacques Rousseau à Paris, O Château est devenu sa maison. A peine 30 ans, une intelligence touchante et une pugnacité qui lui viendrait de son passé de rugbyman.

«C'est un sport où quand on te marche sur la tête, t'es obligé de te relever dans la seconde qui suit». Jean-Jérôme Carre, belle gueule, silhouette de dandy, en est aussi, du rugby… Mais surtout du vin, depuis peu. La quarantaine éclatante, cet ancien d'Hec, lauréat de Paris-Entreprendre a quitté, il y a deux ans, une carrière de consultant pour épouser la plus belle des causes, sa passion pour le vin.Trait d'union entre le vignoble et la toile, sa série « Un verre de terroir » diffusée sur Obiwine Web cartonne . Cet hiver il se déplaçait en 4X4 , c'est sur sa 500 XT, qu'on le retrouvera cette été dans une émission où il s'amuse en racontant le vin.

Un rayon où Jean-François Rovire, est plutôt à l'aise. Pour dénicher la bonne bouteille, il fallait être du sérail et passer par la vinification : ainsi fut fait, aujourd'hui, il sait acheter. Trente huit ans, 1M90, des épaules de rugbyman… Décidemment… Un sourire qui fait chavirer celles qui ne jurent que par sa gamme unique et ultra soignée vendue chez Monoprix. Avec lui, les caddies de l'enseigne citadine prennent du tonus ; la corvée des courses, les couleurs d'une fiesta ; la lessive jetée dans le panier rouge, on se précipite pour choisir les bouteilles sélectionnées par l'équipe Rovire.

On est en « jour fruit », Thierry Germain peine à décrocher son téléphone, la vigne doit recevoir les soins liés à cette période. Calendaire. Enfin il consent à lâcher son franc de pied pour répondre à nos questions. Marié , 3 enfants et un sourire à boire cul sec les 35 cl de Marginale, concentré de cabernet franc pur produit des Roches Neuves son domaine de Saumur. On l'écouterait des heures parler de l'énergie de sa vigne, du végétal qui s'enroule, de la sève qui monte…

Pourtant on quitte la Loire pour la Bourgogne où Cyprien et Damien Arlaud, les frangins de Morey Saint-Denis ont une autre vigne naturelle à nous faire goûter : elle se nomme Roncevie, c'est un bourgogne rouge d'une délicate transparence, d'une douceur intense gansée de velours, tendre et frais. A l'écoute de la nature ces bourguignons bourlingueurs fabriquent de l'avenir avec leur passé à travers une collection de pièces superbes issus du sol natal en laissant sur certaines parcelles les sabots d'un cheval aérer le sol trop tassé par le tracteur. Derrière la charrue : Bertille, leur sœur prépare la terre où s'épanouit la vigne.

Que seraient ces vins sans des prescripteurs pour nous les offrir, les faire découvrir. Les frères Denost, ont développé la vente des belles étiquettes à travers leur site www.vinsgrandscrus.com. Ils ont su prendre la bonne direction du conseil avisé pour vendre des grands vins à l'unité ou par lots dans des millésimes introuvables ailleurs et au plus juste de leur prix. Avec Damien et Rémy, on retrouve le goût du vin mûr, aboutit, prêt à boire. Dans leur gamme : autant de trésors que leur iris ont de couleurs, on s'y perd et c'est délicieux.


Domaine Arlaud. 21 rue Epernay 21220 Morey saint-Denis. 03 80 34 32 65
Domaine des Terres Chaudes. 56 bld saint Vincent, 49400 Saumur. 02 41 52 94 02
O Château. 68 rue Jean-Jacques Rousseau, 75011 Paris. 01 44 739 780



Le vin et les femmes

lundi 13 juin 2011
J'étais en voiture sur l'autoroute qui mène à Dijon, à 130 km/h comme tous ceux qui n'ont plus guère de points sur leur permis et pas de Coyotte, quand j'ai eu l'idée de ce supplément.
Un journal sur le vin conçu comme un vrai féminin où les rubriques successives nous parlent de nous : mode, beauté, psycho, actu, shopping, voyage, sexe...
Grâce au groupe Marie-Claire la 4ème édition de ce magasine est en kiosque couplé avec les mensuels Marie-Claire, Marie-Claire Maison, Marie-France et Avantage.
Un titre dans l'air du temps qui décomplexe les filles et leur donne les clefs de la cave.
Les hommes vont adorer, d'autant que les femmes devenant plus expertes, le cadeau de la fête des père risque d'être plus intéressant...
KV

On manifeste...

mercredi 8 juin 2011
Le 24 mai 2011 a fait date. Ce jour-là l’association Vin et Société publia dans le quotidien le Monde un manifeste sur le vin sous le slogan : « Le vin, et si on en prenait toute la mesure ».  Cette profession de foi portée par des femmes, à destination de tous, remet les choses à leur juste place, marquant la naissance d’un nouveau mouvement pour la défense du patrimoine viticole. Non, le vin n’est pas cet ennemi publique que les hygiénistes veulent nous faire croire.  Mais, ce vin, il faut effectivement en prendre la mesure ; celle de sa dimension esthétique ; de sa puissance culturelle ; de son poids économique et de son rôle social. Et tout ça pour trouver la bonne mesure de sa consommation, celle qui permet de savoir à quel moment boire du vin fait plus de mal que de bien. Les femmes s’inscrivent dans cette démarche pour éduquer les jeunes, leurs enfants pour leur permettre d’évaluer les risques encourus à l’aune d’une consommation outrancière et leur faire découvrir les joies multiples à respecter la dive bouteille. Depuis que le principe de précaution est inscrit dans la Constitution, il n’est plus possible de bouger une oreille ou lever le coude sans se sentir coupable. Coupable de quoi : de profiter du goût du vin, d’apprendre à connaître ses terroirs, de se rafraîchir à la fontaine de Bacchus. Cette culpabilité là ne passera pas par nous, les femmes, on nous a déjà fait le coup avec la pomme…

Pour signer le manifeste : rendez-vous sur le site www.vinetsociete.fr