Karine, elle est beaucoup trop people. Elle s’est faite
invitée y a pas longtemps aux States
pour aller visiter les Seillan. En plus elle m’a dit qu’elle avait
découvert là-bas le goût qu’avaient la Vérité et le Désir (voir « Carnet de
voyage en Sonoma »). Alors moi forcément j’étais un peu jaloux. Du coup,
je me suis dit si elle est allée aux States, où je peux aller, moi ? La
Guerre Froide, c’est fini depuis plus de 20 ans alors autant oublier la Russie.
Dysneyland à Marne la Vallée ? C’est un peu trop la version cheap des
States à Paris.
Alors j’ai vu grand : je suis parti en Chine et j’y
suis resté… 3 mois et demi. La grande question bien sûr : qu’est-ce qu’on
mange et qu’est-ce qu’on boit en Chine ? Laissez-moi quatre heures et
trois copies doubles et j’aurais peut-être le temps de vous répondre. Mais en
vous la faisant courte, la Chine n’a rien à voir avec les Chinatown qui ont
fleuri dans toutes les grandes mégalopoles du monde. Le riz cantonais et le
porc aigre-douce arrosé avec du Baijiu (alcool du riz), c’est un cliché qui a
la dent dure mais… C’est un cliché.
À Pékin, j’ai écumé quelques belles tables
même si, en Chine, elles sont trop souvent situées dans les centres
commerciaux. Pas glam’ mais miam quand même. Si vous passez à Pékin d’ailleurs,
pensez à faire un détour par Da Dong Roast Duck : pour une fois ce
restaurant abordable (comptez 35 € par personne) n’est pas situé dans un temple
du commerce mondial. Il offre un décor agréable et une cuisine raffinée en
dépit d’un service stakhanoviste basé sur le principe du « plus vite
j’apporte les plats, plus vite les clients décollent, plus vite j’ai de
nouveaux clients ». C’est aussi ça les restaurants chinois. Mais passez
outre l’attente (il n’est pas possible de faire des réservations et il faut
souvent 20 minutes pour avoir une table) et le service, et vous découvrirez une
cuisine tout en nuances et incroyablement inspirante : pigeon à la
citronnelle à la cuisson époustouflante, cuisse de grenouille chili, foie gras
et racine de lotus, sorbet aux petits pois… Une farandole d’innovations
culinaires qui mettront votre estomac à genoux et votre portefeuille au garde à
vous.
Alors bien sûr vous me direz, « t’es allé à Pékin et
t’as pas goûté le VRAI canard pékinois ? » Ben la vérité si je mens
pas, si. Mais j’ai été dans l’ensemble très déçu donc j’hésitais à vous en
parler. Pour ceux qui auraient un trou de mémoire, le canard pékinois est un
canard rôti servi avec une sauce brune, amère et sucrée, et accompagné de
petites crêpes et de légumes crus. Le principe est simple : une crêpe, une
ou deux lamelles de canard, un peu de sauce et quelques crudités, et emballez
c’est pesé. Et pour peser, ça pèse au niveau de l’estomac mais en termes de
raffinement c’est un peu le néant. Et pourtant je m’y suis pris à deux
reprises, deux jours différents, deux restaurants différents. En plus la
deuxième fois croyez-moi, je suis allé le tester dans l’un des restaurant les
plus réputés (Qanjude Roast Duck) sur Qiamen Dajie juste à côté de la place
Tiananmen et de la célèbre rue commerçante de Dazhalan. Et bien c’était pas
mieux. Cerise sur le nem, à force de succès, le restaurant s’est transformé en chaine de
restaurants où l’addition est très salée au regard de ce qu’il y a dans
l’assiette (comptez environ 35€ par personne pour le simple canard avec
deux entrées).
Mais quid de Shanghai me direz-vous ? Quid de l’art de la table à la
Chinoise ? Comment considèrent-ils la nourriture au quotidien et quelles
sont les traditions culinaires là-bas ? Quels sont les produits qu’on
mange en Chine et nulle part ailleurs ? À chaque jour suffit sa peine mes
amis, et je m’en vais déguster quelques jiaozi (raviolis chinois) à votre santé.
Mais promis, on se donne rendez-vous en début de semaine prochaine pour creuser
ensemble ces questions et votre estomac.
Zaijian (au revoir) !
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