La Chinese way of cooking: une cuisine de tous les contrastes (épisode 2)

jeudi 2 août 2012

De Pékin à Shanghai, la gastronomie chinoise peut rapidement s’avérer très contrastée. De manière générale, la nourriture y est majoritairement considérée comme un besoin et non comme un art raffiné, à l’exception bien sûr des classes sociales aisées qui peuvent se permettre d’y consacrer quelques deniers supplémentaires.

La cuisine chinoise est avant tout une street food aujourd’hui, bien loin des images un peu pittoresques qu’on peut parfois garder en tête de banquets homériques à l’étiquette très détaillée (ils existent bien sûr mais ne sont pas représentatifs de la cuisine du quotidien). Qui dit culture de la street food ne dit pas nécessairement culture du fast food à l’américaine. Car si les Chinois ont souvent peu de temps à accorder au repas le midi voire parfois le soir, ils n’en sont pas rendus encore à aller arpenter les célèbres et insipides « restaurants » américains en dépit du succès relatif d’enseignes comme KCF ou Mac Donald. Non les chinois préfèrent plutôt les plats consistants à base de noodles (nouilles chinoises) ou de riz qui se déclinent à l’infini d’une rue à l’autre. Les petits restaurants de rue qui ne paient pas de mine sont légions dans les grandes villes et il est d’ailleurs souvent moins coûteux d’aller y manger que de se faire à manger chez soi.

Il faut toutefois se garder de généraliser, évitons de résumer la Chine simplement aux noodles et au riz ou aux petits restaurants de quartier où l’on mange pour 1,50€ entrée, plat et « dessert ». Dessert entre guillemets car les chinois ne raffolent pas de mets sucrés, les desserts chez eux correspondent souvent à du riz noir légèrement sucré ou à des bouchées vapeur aux crevettes. Ils sont pour ainsi dire beaucoup plus « salé » que « sucré ». Mais ils déclinent le salé avec génie, héritage assumé des 4 grandes traditions culinaires de Chine (certains puristes vous parleront de sept, mais nous en resterons au 4 principales).

Bien sûr à la base de ces traditions, on retrouve souvent les mêmes aliments… Ceux dont historiquement le territoire chinois regorge. Au niveau des viandes : le porc bien sûr et le poulet, parfois le chien, anagramme de Chine d’ailleurs (en Français seulement). Le bœuf et l’agneau sont moins consommés sauf par les populations musulmanes et mongoles. Au niveau des féculents, les champions toute catégorie restent le riz et les fameuses noodles. Au niveau des légumes, on retrouve les mêmes qu’en Europe majoritairement avec quelques jolies surprises du côté des champignons (tentez les black fungus très croquants, ou ces petits champignons blancs longilignes en sauce qui restent mes préférés). Les plus communs restent toutefois le chou chinois, les épinards et les pommes de terre. Bien sûr, on ne peut pas parler de la Chine sans parler également du soja qui se décline depuis la pousse jusqu’à la pâte communément appelée tofu en Français (Dofu en Chinois). Si vous aimez les surprises, demandez à goûter le « stinky tofu » que l’on peut traduire par « tofu odorant » … Je vous laisse la surprise ! Bon côté légumes nous voilà en terrain connu, mais qu’en est-il des fruits ? Pas de surprise, les grands classiques sont au rendez-vous : pommes, oranges, pêches, poires, bananes, raisins. Après tout la Chine dispose d’un territoire plus grand que celui des Etats-Unis, avec des variations climatiques très fortes d’une région à l’autre qui favorisent la production d’une grande diversité de fruits et légumes.

Mais si ce ne sont pas réellement les aliments qui distinguent les traditions culinaires chinoises, qu’est-ce donc ? Comme on pouvait s’en douter, elles sont nées dans des régions bien précises. Aujourd’hui on peut très schématiquement distinguer entre les cuisines de Pékin, de Canton, de Shanghai et du Sichuan.  A Pékin et dans le Nord, on joue le plus souvent sur des saveurs plutôt douces et bien moins épicées que celles de Shanghai sans même parler du Sichuan. La cuisine cantonaise, elle, est souvent bien caractérisée par la technique de cuisson au wok et les plats sautés en général. Shanghai, bien sûr, est réputée pour sa cuisine de la mer et tire tous les bénéfices de sa proximité avec la belle bleue. A ce propos, avez-vous l’occasion prochainement de passer par Shanghai, poumon de l’économie chinoise où il ne fait pourtant pas bon respirer entre pollution, chaleur et humidité ? Si c’est le cas, faites un arrêt pour goûter tout de même les soupes de fruits de mer, le poulet ivre et les petits pains farcis de viande. Voilà bien trois des grandes spécialités qu’on se doit de goûter.

Bon ok, c’est bien beau mais dans tout ça, qu’est-ce qu’on boit ? En Chine, la culture de la vigne n’en est encore qu’à ses balbutiements. Et en toute sincérité, il n’y a à mon sens presque aucun vin qui ait de l’intérêt. Bien sûr on entendra ça et là quelque grand expert tenir conférence et crier à la caricature… Mais j’ai souvent l’impression que ces grands cris de soutien au vin made in China cachent des messes basses économiques. En tout cas, à défaut de trancher ce grand débat, on peut toujours rappeler que la culture généralisée de la vigne en Chine est très récente et qu’il est beaucoup plus compliqué de copier des savoir-faire que des produits. Il faudra donc du temps et de la patience aux viticulteurs chinois même si, pour être tout à fait honnête, la plupart des domaines connus sont sous la houlette de français expat’. Bref, à défaut d’un verre de vin, vous pourrez toujours demander une bière dont la plus célèbre reste la Tsingtao. Ne vous attendez toutefois pas à des miracles, les bières chinoises titrent souvent aux environs de 4-5° et se révèlent presque aussi désaltérantes et communes que l’eau (attention à ne pas consommer celle du robinet en Chine toutefois). En dernier ressort, laissez vous tenter par les infinis nuances des thés chinois : c’est à coup sûr dans cette catégorie là que vous glanerez vos plus beaux coups de cœur liquides ! 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire