DÉGUSTATION DE SAKÉ - SALON DE LA RVF
24 - 25
MAI 2013
Espace
gastronomique de Cuisine et Vins de France
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25/05 - 12:00
DÉGUSTATION DE SAKÉ - SALON DE LA RVF
24 - 25
MAI 2013
Espace
gastronomique de Cuisine et Vins de France
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Olivier Cazenave,
Propriétaire et vigneron du Château de Bel en Gironde
Ça commence par une histoire d’amour. Celle d’un vigneron bordelais, Olivier Cazenave du Château de Bel pour un cépage moins courtisé en terre bordelaise que les ténors du vignoble : le Cabernet Franc.
Démarche expérimentale ou fantaisie, Olivier arrache le cépage roi de Bordeaux, le Merlot, et plante
« Son cépage favori », le Cabernet Franc.
On est en 2005 et son entourage le regarde suspicieux.
Patience ! Prône-t-il !
L’aventure peut démarrer.
Une première récolte en 2009. Décevante. Le vin est trop mûr. Patience…
Deuxième récolte en 2010. Enfin un beau millésime avec un peu d'acidité. Pour s’amuser (comme toujours) Olivier mélange dans un verre les deux millésimes. Bon équilibre, le Cabernet Franc se montre nerveux mais trop solaire. Il faudra attendre encore une année d’élevage puis un nouveau millésime, le 2011, pour que la magie s’opère. Cette fois-ci, il faut un coup de baguette magique et beaucoup de technicité pour doser le pur assemblage.
Bouteille d’élégance choisie sur mesure comme écrin à cette trilogie de Cabernet Franc.
Le résultat est surprenant voir déroutant. Le cabernet franc se dévoile. Non plus végétal comme certains l’imagine encore, mais vibrant et profond. Se métamorphosant dans une cuvée nommée très justement « Franc de Bel », le vin est riche de fruits noirs gourmands et de note de réglisse. La longueur est savoureuse. On a envie de replonger. On re-goute alors ! Et là on comprend.
On comprend que Olivier a eu une idée de folie : faire un 100% Cabernet Franc dans le bordelais.
On comprend que c’est une idée révolutionnaire: démontrer à Bordeaux que faire du vin avec des cépages minoritaires ça marche.
On comprend surtout que l’idée devient réalité : ses copains vignerons voyant le résultat, plantent à leur tour le cépage et lui, Olivier, continue. Il pense déjà à sa prochaine récolte et plante Chenin et Malbec.
Une étiquette aux saveurs baroques:
Accroché à la bouteille par un sceau de cire, emblème de la famille, l’étiquette se pare d’un blason avec pour effigie non plus des chevaux mais les 2 chiens d’Olivier !
La Cuvée "Franc de Bel" a déjà été élu "Remarquable" lors de la dégustation professionnel de AUTREMENT VIN
Pour en savoir +++ sur le Château de Bel:
Twitter: http://twitter.com/ChateaudeBel
Facebook: http://www.facebook.com/chateaudebel
Château de Bel - 33500 Arveyres
mob: (0)6 63 09 75 82
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Les accords mets-vins, c’est un peu comme les visites chez la vieille tante Yvette : ça rabâche beaucoup et ça laisse toujours un goût de déjà-vu dans la bouche. Mais bon, on s’y essaie malgré tout parce qu’au fond, comme la vieille tante Yvette : on les aime bien.
Du coup comme je dinais en famille ce soir à 80% (les 20% restant étant un architecte plutôt sympa, mais c’est une autre histoire), je me suis dit qu’il fallait bien essayer de s’accorder un peu.
J’ai entamé la conversation sur un carpaccio de Saint-Jacques au zeste de citron vert et au parmesan accompagné d’une sauce (froide) au poivre du Sichuan. Pour dynamiser un peu la Saint-Jacques, plus springteuse en finesse que coureuse de fond en puissance, j’avais mis au frais un Crémant d’Alsace d’Arthur Metz. Alliage de pinot noir, pinot blanc, riesling et auxerrois. La finesse de la bulle, la fraicheur des arômes d’agrumes et de poire ont fait sortir la belle de sa coquille et l’ont aussi bien poussée dans ses derniers retranchements que l’aurait fait un aimable champagne. Moins caractériel et plus diplomate, ce petit crémant a su caresser le pectinidé (c’est son nom de famille, celle de la Saint-Jacques hein, pas la mienne) dans le sens du poil.
Ensuite on s’est dit que c’était trop bête d’en rester là. Alors on a attaqué un rôti de bœuf dans le contre-filet d’une tendreté à faire pleurer de bonheur mon boucher (qui est un type formidable à l’instar de mon épicier). Pour les curieux, sachez que le contre-filet c’est comme le faux-filet : situé de part et d’autre de l’échine et contre le filet (comme son nom l’indique), il longe la colonne vertébrale de la bête et garnit avantageusement nos assiettes. Oh et pour l’anecdote, le roi Henri VIII d’Angleterre (mais si, vous savez, celui qui est fou, on l’a vu à l’œuvre dans la série the Tudors) aurait anobli le contre-filet en lui octroyant le doux titre de Sir devant son nom de loin (Aloyau ou loin, le contre-filet en est un morceau)… d’où le Sirloin… Bon on s’égare un peu. Avec le rôti, j’avais fait quelques épinards juste blanchis, bien dégorgés et revenus à la sauteuse avec des échalotes. Pour arroser le tout, un château de Fieuzal 2007 ouvert une heure et demi plus tôt. 50% Merlot, 50% Cabernet Sauvignon, une texture soyeuse qui fait patte de velours sur la langue, aussi tendre que le rôti. Bref, rôti et Fieuzal, ça l’a fait Graves ! Voilà un accord qui n’est pas très original, un point pour vous. Mais il s’est trouvé qu’on a traîné le Fieuzal sur le terrain du fromage, et là un superbe accord plutôt inattendu : Parthenay/Fieuzal. Là, vous vous dites : C’est quoi le Parthenay ? C’est un fromage de chèvre fermier qui se distingue par une légère âpreté en bouche au niveau de la texture que compensent fraicheur et jeunesse. Le soyeux du Fieuzal en réduisait l’âpreté et complétait sa douceur de caractère par un fruit discret, tout en suggestion. Un vrai accord de Saint-Valentin : subtil, caressant et suggestif. De quoi devenir chèvre à force d’en faire un fromage, alors allez-y, testez un coup et revenez-nous. Qui sait, on béguètera peut-être ensemble ?