Une soirée (méthode) champenoise

dimanche 24 avril 2011
Des inconnus, pas plus cons que mal habillés, des champagnes pompeux, des fines bouchées…  Au Castel Jeanson à Aÿ, la soirée de dimanche dernier s’annonçait intéressante mais coincée et un peu ennuyeuse... Elle a été canon ! Il faut dire qu’avec les vignerons de Terres et Vins de Champagne en maîtres de cérémonie, les fines bouches n’étaient les bienvenues.

Depuis la création de l’amicale champenoise en 2008, Tarlant, Bérêche, Boulard, Agrapart, Bedel et les autres se réunissent chaque année pour présenter leurs vins clairs à de très grands professionnels. Mais pour la première fois, dix-sept des dix-huit bulleurs accueillent quarante-cinq journalistes, importateurs, bloggers du monde entier pour un joyeux moment de convivialité.
En bouteilles, magnums et même jéroboams, les bouchons de dix-huit roteuses sautent uns à uns pour chatouiller dix-huit délices préparées par les chefs marnais et étoilés, Philippe Mille (Les Crayères) et Dominique Giraudeau (Le Grand Cerf). Des alliances classiques mais délicieuses d'un saumon-huitre paré d'un collier de caviar dont l’aneth rappelle le bouquet de tilleul, anisé et citronné d’un Pascal Doquet Mesnil sur Oger 1996 ou d’un boisé élégant et puissant de Laherte 2004 qui propulse des saint-jacques et une crème vanillée à leur fine onctuosité. Plus original, le Tarlant Saga 1994 couche fermement et enlace un Oreiller de la belle Aurore. Entre deux bouchées, les langues se délient, les émotions se partagent. Jordi Melendo de El Mundo est sensible au paradoxal 2001 Risleus d’Hubert Paulet tandis que le Champagne Warrior, Brad Baker, tombe pour les morilles enveloppées d’un Comme autrefois 1998 de Françoise Bedel. Boulard 2005 arrose un homard et une tartelette au chocolat pendant qu'un foie gras saupoudré de céréales buvote un Ecueil 1977 de Pouillon.

La plus grande émotion ne vient mais pas d’un accord mais d’un vin seul.  Minéral 1982 d’Agrapart. Servi en magnum. Toasté, cacaoté, tilleul, cire au nez. Caresse, dentelle, pulpe, crayeux, élancé, délié en bouche.  Un blanc de blancs de grande classe et d'une jeunesse incroyable. Somptueux.

Sur des bulles miellées de Vincent Couche, minuit sonne, les convives regagnent leur chambre avant une longue dégustation des vins clairs 2010.

Un grand merci aux vignerons.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire