Jade et Melchior

jeudi 8 décembre 2011

Bruno Borie et Jade Jagger

Petit problème de mathématiques : lors d'une vente aux enchères, vous acquérez un melchior pour 10 300 €. Sachant qu'un melchior contient l'équivalent de 24 bouteilles de vin, combien vous aurait coûté l'achat d'une bouteille "normale" dudit vin ? 
La solution : 416 €...
Soit une très belle performance pour ce melchior de Croix de Beaucaillou 2009 by Jade Jagger, dont le prix de vente conseillé est de 1750 € (73 € la bouteille). Cette vente record s'est déroulée en Chine le 10 novembre à l'occasion du Aussino World Wines Festival à Guangzhou (Canton) et les nouveaux propriétaires ne sont autres que des collectionneurs chinois...
Ce précieux melchior fait partie d'une édition limitée produite à 50 exemplaires uniquement. Si l'habillage de la bouteille dessiné par Jade Jagger est amené à se généraliser sur les flacons du second vin du château Ducru Beaucaillou ( 2éme cru classé de Saint-Julien), seuls ces exemplaires du millésime 2009 le porteront. On ignore si les autres bouteilles connaîtront le même destin que leur jumelle. En attendant, vous pouvez les admirer dans les vitrines des plus grands magasins de luxe à travers le monde, en France, elle fait la belle aux Galeries Lafayette Haussmann à Paris.
Pauline Arnold

Beaux mariages avec un sauternes

mardi 6 décembre 2011
Sauternes, c’est comme un chemisier de soie porté sur un jean. on l’aime
sans complexe, en toute simplicité.

Liqueur dorée, vin des rois et des grands du passé, Sauternes a eu son heure de gloire… Mais il a mangé son pain blanc. Taxé de vin de filles (sic !), cantonné au dessert par les étrangers, au foie gras dans sa patrie, sauternes pour séduire doit épater sans empâter. C’est à cette condition seulement qu’il pourra passer à table.
Pourtant, on a tous une heure sauternes… et pas seulement les filles (!). On l’imagine campé sur ses sucres et voluptueusement calé sur ses notes de miel, de fruits confits ou exotiques, il se révèle pas si liquoreux que cela avec parfois une pointe de ruse qui tranche dans le vif. Aidés par la nature, les producteurs ne l’ont jamais aussi bien réussi que ces dernières années, du coup, il se boit sur tout ou sur rien du tout… d’autant que la bouteille ouverte se garde une semaine au frais.
Depuis toujours uni au foie gras dans un mariage intime, avec une simple tranche de pain grillé, un tour de moulin et basta !… Le couple roboratif se suffit à lui-même. Mais on peut l’associer en entrée : une salade thaïlandaise à la citronnelle ou des huîtres le mettront à son aise. Sur le plat, à la suite d’un blanc plus sec ou de bulles, il le faudra plus vieux et plus doré pour conclure l’affaire sur des vol-au-vent financières, une pastilla de pigeon ou des crevettes sauce piquante. Mais c’est le dimanche après la messe, à suivre les paysans du Bazadais, qu’on l’ouvre sans cérémonie sur un poulet rôti. Son sucre et les sucs de la peau grillée sont à se damner. Enfin, et c’est là qu’il honore son plus beau contrat, lorsqu’il joue l’atout d’une pâte persillée, roquefort, bleu d’Auvergne ou fourme d’Ambert, il les lui faut toutes avant de se détendre sur le lit d’une bûche glacée aux marrons.

Mon royaume pour du caviar !

vendredi 2 décembre 2011

Je ne prends pas beaucoup de risques, me direz-vous : mon royaume, c’est la France et avec l’endettement qu’elle a, elle ne vaut plus un clou. Donc l’échanger contre un peu de caviar, c’est plutôt un bon deal, non ?

Ça tombe plutôt bien cette affaire, parce que ZwyerCaviar a élu domicile à la Grande Epicerie de Paris avec ses quatre variétés de caviar : Baeri, Osciètre, Sevruga et Beluga. « Pourquoi qu’il me parle de ZwyerCaviar, celui-là ? » vous demandez-vous méfiants, « il touche une rétro-commission sur la vente d’armes d’extase massif, c’est comme pour l’affaire Karachi : ça sent le sapin tout ça ». Mais pas du tout ! Je vous parle de ZwyerCaviar parce qu’ils proposent le premier caviar éthique d’excellence au monde. « Rien que ça » vous exclamez-vous, toujours sceptiques.

Allez, faites-moi confiance puisque je vous dis que toute leur production est issue d'esturgeons élevés dans des fermes aquacoles répondant aux exigences du développement durable... en Uruguay ! Mais rassurez-vous, tout a été étudié pour garantir un produit de très grande qualité. Et les esturgeons, eux, ont malgré tout un passeport russe ou sibérien. Toujours pas convaincus ? Allez je rajoute qu’Anne-Sophie Pic le sert volontiers au Restaurant du Beau-Rivage Palace de Lausanne. Et que la jeune entreprise suisse qui se charge de l’exploitation respecte toutes les réglementations internationales en vigueur.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite chaudement à aller jeter un œil à leur site internet : les photos y sont superbes, les explications nombreuses et en plus il y a une boutique en ligne. http://www.zwyercaviar.com/

« Bon, ok, mais il a pas tort, c’est la crise. Pas les moyens de me faire caviariser, moi ! » Certes le caviar n’est pas le plus abordable des mets. Mais pour 25€, vous pourrez en goûter 10 grammes : ce ne sera pas le caviar à la louche des trente glorieuses, mais ça suffira à coiffer d’une saveur incomparable quelques divines rattes de Noirmoutier en purée.

De toute manière au train où vont les choses, entre l’inflation et la planche à billets, l’argent ne vaudra bientôt plus un rond. A défaut d’avoir de l’or jaune, vous aurez de l’or noir… mais vous pourrez toujours rire jaune entre deux grains de caviar !

Chez Marcon à Saint-Bonnet-Le-Froid

vendredi 25 novembre 2011
Où que l’on soit il faut compter une heure et demi pour arriver à Saint-Bonnet-le-Froid ; là, où l’Ardèche profonde se cogne à la Saône et Loire, au milieu des conifères et persistants.  Bornant la route, qui monte vers l’un des sommets de la gastronomie, les piquets rouges, les mêmes que sur les pistes de ski signalent que l’hiver ne plaisante pas. Ils indiquent aux chasses-neige les contours de la route jusqu’au Restaurant de Régis et Jacques Marcon au faîte du village qui sort le bonnet dès les premiers frimas.
Ils ont mis du feu dans la cheminée, pour réchauffer l’austérité du lieu le plus improbable  pour un gastro : celui de Régis Marcon, l’enfant du pays qui fit son apprentissage en lisant Cuisine et Vins de France. Seul Michel Bras, l’autre chef tri-star perdu au milieu de nulle part, du côté de Laguiole, rivalise en majesté naturelle. Un couloir gris franc bordé de bois conduit à une vaste salle de restaurant  comme la proue d’un navire qui plongeant dans les châtaigniers. Panorama superbe où la nature relève le défi du climat, de la pollution, du froid, de la neige, des loups… Où l’architecture contemporaine absorbe la plus petite parcelle de soleil pour en restituer la lumière. Serveurs, maîtres d’hôtel et sommeliers d’une parfaite justesse, servent la soupe d’un chef qui gagne ses  macarons, en rebondissant sur les saveurs de la nature et des champignons. Il a fait du  cèpe son sceptre, des lentilles vertes du Puis sa marotte et du gibier sa plume. L’agneau est cuit dans le foin, le pigeonneau se tartine à la praline, le lapin de garenne, le chevreuil et le lièvre « s’entourte » d’une pâte feuilletée craquante … La truffe n’est jamais loin et les fromages d’Ardèche et d’Auvergne s’accompagnent de marmelades.
www.regismarcon.fr
Restaurant Régis et Jacques Marcon –
43290 Saint-Bonnet-Le-Froid
Tél. 04 71 59 93 72
Fax. 04 71 59 93 40
Fermeture le 18 décembre

Numéro Exceptionnel

mardi 22 novembre 2011
Je suis en kiosque depuis vendredi et, depuis, je séduis sur papier glacé. 
Avec moi vous passerez les fêtes à buller sur des amuse-bouches qui changent des traditionnels canapés, en remplissant les flutes de champagnes à partir de 17 euros et jusqu'au bout de la nuit. Si, depuis que je vous  fais la leçon, vous n'êtes toujours pas capable de faire un foie gras, je n'en ferais pas un fromage, mais vous invite à apprendre à cuire une terrine et préparer un plateau.
Je sais aussi faire sortir  la saint-jacques de sa coquille et l'habiller de truffes pour qu'elle fasse du gringue au saumon. Avec un sauternes,  je prépare un curry de gambas. Je dégrafe le corsage de Margaux  pour caresser les courbes de ses meilleurs crus.
Et après tout cela je pars en voyage au Prince Maurice à l'Ile Maurice...
Voilà quelques petites choses que je sais faire parmi tant d'autres ...
Vous découvrirez tout le reste dans mon numéro exceptionnel. En vente - 3,30 €

Le condrieu de Christine, la côte-rôtie d’Yves

dimanche 20 novembre 2011
Christine Vernay, Yves Gangloff, K. Valentin, Jean-Luc Barde,
Anne et Olivier Decelle dans la cave du domaine Gangloff
Le Rhône est ici un ruban gris reflétant l’acier des usines qui le bordent sur son flanc gauche. La rive fume de ses industries et le béton luit dans le soleil timide, annonçant la Provence. En face, le végétal défie l’acier : le vignoble de Condrieu dégringole sur les pentes abruptes de la rive droite du fleuve.
Viognier de Condrieu et syrah de Côte-Rôtie dressent comme autant de vaillants fantassins, leurs échalas de bois vers le ciel.
Les murs des coteaux de Vernon ont été remontés et les terrasses replantées. Les condrieux de Christine Vernay : Terrasses de l’Empire, Chaillets de l’Enfer et Coteaux de Vernon irradient toujours de la passion leur viticultrice et de la minéralité de son terroir.
Barbarine et Sereine noire , étiquettes de Pierre
Gangloff
A 300 mètres, là où finit la route du village de Condrieu, la dernière maison abrite la cave d’Yves Gangloff.  Le Jim Morisson du vignoble élabore ses vins avec autant de justesse que les accords qu’il pose sur l’une de ses 6 ou peut-être 7 guitares. S’il est un virtuose de la syrah, il est aussi un guitariste confirmé d’une sensibilité palpable et d’une intelligence dont il signe des côtes–rôties juteuses, simplement fraîches et vivantes. Qu’elle soit Barbarine, né d’un sol de granit et de vignes dans la force de l’âge ou Sereine noire 2009, fille du granit et du schiste, les deux cuvées sont vibrantes d’équilibre. Mélange des sens, elles évoquent dans leur trame, la chair musicale des anciens disques de vinyle.

Domaine Gangloff
2 Chemin du Moulin
69420 Condrieu
Tél. 04 74 59 57 04

Domaine Vernay
1 Route Nationale
69420 Condrieu
Tél. 04 74 56 81 81

Rencard autour du beaujolais nouveau 2011

mercredi 16 novembre 2011
C’était aux Colonnes, la brasserie-bistrot d’Issy-les-Moulineaux, l’une des meilleures adresses de la capitale... Une drôle d’assemblée un peu dissipée dans le fond de la salle était venue goûter en primeur, c’est le « privilège » des spécialistes, le beaujolais nouveau 2011. L’idée lumineuse de La Revue du vin de France, pour fêter la sortie du premier de l’année et trop souvent dernier de la classe (à juste titre), était de faire goûter une sélection de beaujolais nouveau vendus en grandes surfaces par deux jurys : l’un composé de filles et l’autre de garçons. A la Revue, on ne se mélange pas, des fois que.... J’eus l’honneur de faire partie de l’équipe féminine avec Ophélie, Caroline et Agathe.  Du côté des mâles : Olivier, Antoine, Alexis et Patrick, le patron.

Malgré la différence de sexe, deux heures après les préliminaires, le verdict tombe : les gars et les filles aiment le même vin ! Quel dommage on aurait adoré s’engueuler, on se serait fait taxer de filles et on aurait râlé contre le machisme des gars. Mais non. On sera tous d’accord pour donner notre coup de cœur au beaujolais nouveau vendu par Franprix (4,50 €).
Derrière, les garçons ont aimé celui de Leader Price, élaboré par Dominique Piron (fameux vigneron du coin) et nous le Dubœuf chez Système U. Puis le Piron arrive pour les filles en 3ème position.

Mais c’est vrai le beaujolais nouveau est le vin le plus basique qui soit, pas vraiment de quoi se prendre la tête, juste une tranche de saucisson et une franche partie de rigolade pour déguster un millésime qui s’annonce moins sérieux que ses ainés 2009 et 2010.

Retrouvez nous en action sur le beaujolais nouveau de La RVF !

Les bulles et la ganache

samedi 5 novembre 2011
Quinze heures sonnent à Saint-Michel et Gudule, les allées du salon des Vins de la Revue du Vin de France à Bruxelles moutonnent de visiteurs belges et français, la rumeur enfle... Il parait que sur le stand de Cuisine et Vins de France, une dégustation de chocolat et vin s'organise. Pierre Marcolini, le chocolatier qui régale tout Bruxelles, est présent sur le salon grâce à  ses carrés parfumés.
Il a préparé une sélection de chocolats aux saveurs si particulières, si élégantes, si douces que le mariage avec des vins est une affaire d'état pour nous. Mais vaillants soldats de la gourmandise, nous partons, le verre à la main, à la conquête des allées à la recherche du Graal cette bouteille qui saura composer une alliance où les deux complices se respecteront sans saute d'humeur. Nous finissons par le trouver : il s'appelle Heidsieck... Charles Heidsieck, dans sa version tireur d'élite : 1995, Blanc des Millénaires. Le champagne blanc de blanc a passé plusieurs années à peaufiner son élégance pour enfin sortir au grand jour et délivrer les plus délicates notes du Chardonnay évolué qu'il ait été donné de goûter à Bruxelles ce jour-là.
Pour l'accompagner un centimètre carré de pure volupté : un petit carré tout croquant qui sent la praline et les agrumes. Il a l'air de rien du tout comme ça, mais au contact de la divine bulle, il  raconte le talent de Marcolini. Les bulles ce jour-là ont fait du chocolat le plus grand des prélats.
Après, le carré signé Marcolini, pure distinction cacaotée, s'est retrouvé acoquiné avec une bulle qu'on pourrait qualifier de mousse : Liefmans, une bière issue d'une brasserie de l'ouest de la Belgique. 8 degrés, une mousse évanescente, une vinosité et une amertume qui s'inclinent face aux délicieux arômes du p'ti noir.
C'est en troisième position que nous décidâmes de placer les quatre épices.  Complexe et néanmoins voluptueux, ce carré-là est un as de la gourmandise. Mais il lui faut un alter-ego à sa mesure. De loin, le grand Laurent Cazotte domine l'assistance de son mètre quatre-vingt quinze et la dégustation de ses liqueurs et eaux-de-vie insolites déchaîne la foule. La guigne et le guin, riquiqui de nos grands-mères, signé du grand Laurent, est la liqueur qu'il nous faut sur ce concentré d'épices. Les notes fruitées et la volupté de l'élixir arrondissent les angles de ce carré miraculeux.  
Demain sera un autre jour...

Bruxelles Midi


C‘est l’heure de l’apéro à Bruxelles comme à Paris, Toulouse, Marseille ou Lyon... A l’Autoworld dans le parc du Cinquantenaire de la ville belge, la Revue du vin de France a décidé de jouer dans le cliché en associant la bagnole et le pinard.
Cette immense structure de verre et fer forgé construite pour l’Exposition Universelle de 1897 expose  en permanence plus de 300 véhicules, et ponctuellement 50 vignerons français venus pour l’occasion donner un aperçu esthétique et gourmand de leurs derniers millésimes.
Les bagnoles resteront sur leurs cales pendant que le public convoitera les plus belle étiquettes. Douze heures sonnent à Saint Michel et Gudule, l’instant idéal pour déboucher le chardonnay ardéchois  du négociant beaunois Louis Latour sur les charcuteries de l’ami Pierre Oteiza de Bayonne : un foie gras lardé de confit, un chorizo, doux et pimenté à la fois, une tranche de jambon… et le boisé délicat, les notes anisée et la finale tendrement acidulé de Grand Ardèche 2009.
Sur le stand de Cuisine et Vins de France, un foie gras des établissements Delmont rapporté de la jolie ville de Sarlat attire le chaland venu se chatouiller la papille au contact d’un vin sec et tranquille à marier sur le foie frais. Le blanc de la famille Noni ( des belges aussi, décidemment…) Malartic Lagravière 2008 avec sa note délicate de bois et sa  profondeur en milieu de bouche se love avec grâce sur le mets périgourdin. Question touche de velours en bouche, le chenin de Jacky Blot n’est pas en reste. Il conquiert les palais  attentifs de nos confrères du plat pays amateurs éclairés de vins français. Enfin en 3ème position un chablis vieilles vignes de la Chablisienne finit de convaincre les compatriotes de Jacques Brel que les vins blancs secs et tranquilles sont de vrais complices d’un foie gras.
Dans quelques heures, retrouvez-nous  pour goûter les  chocolats de Pierre Marcolini et  les vins rouges du salon… 

Beaux mariages avec un vin jaune

jeudi 3 novembre 2011

Il ne connaît pas de concession, quand on l’aime, c’est passionnément. Encore faut-il savoir rester à table lorsque le jaune est servi.

Quiconque organise une rencontre entre un débutant et un vin jaune présume de ses talents d’entremetteur. Le jaune, arrogant dans son costume de clavelin aux larges épaules, s’offre cash, dans toute l’intensité de sa sauvage nature. Le quidam s’attendant la plupart du temps à boire du vin de paille – autre vin de couleur jaune, mais celui-ci doux comme le miel – vouera aux gémonies le traître qui eut l’outrecuidance d’organiser une telle rencontre gustative. Et pourtant, après explication, l’humeur revêche du dégustant s’adoucit au fur et à mesure que la dimension sauvage du jaune emplit ses sens. D’une complexité presque excessive, ses parfums laissent des volutes de curry, noix, écorces d’orange, citrons confits, tabac blond, curry, pain grillé… Il  est de tous les instants : l’apéritif lui va à ravir, à condition de le garder à table car son panache évince tout autre prétendant. Comme il supporte les épices, on peut le lancer sur des currys d’agneau ou de poisson. Le curcuma, le cumin, la cardamome sont ses alliés et la cuisine exotique lui fait de l’œil.  Grand seigneur, le jaune a sa cour où se pressent des cocottes parées de morilles, des andouillettes à la crème, une tranche de jambon braisé, une côte de veau moelleuse ou un risotto aux champignons. Afin de mieux réussir ces réunions il faut que la sauce soit crémée avec une base de vin jaune réduite, et qu’une goutte  soit ajoutée au dernier moment/. C’est impératif, elle pimentera l’accord.
Comme pour marquer sa noblesse, le vin jaune est souvent acide, il lui faut du gras. Une tranche de foie gras juste posée sur du pain grillé, pour les notes boisées, révèle par sa simplicité toute l’élégance. Il saura se mettre au niveau des poissons fumés, des escargots ou des grenouilles et faire le paon sur un homard. Le superbe aime aussi la simplicité, c’est là qu’il livre son plus beau profil associé à du comté ou du morbier ; quelques noix en dessert ou du chocolat noir. Question service, il réclame des égards. L’ouvrir une heure avant, c’est le mettre en beauté, le servir à 15°, c’est l’idéal. Enfin, comme il a éprouvé dans sa barrique, l’oxydation ; il ne subit pas les outrages de l’air : une bouteille ouverte pourra se garder plus d’un mois au réfrigérateur et sa longévité unique au monde dépasse les 50 ans.

C’est fait comment un vin jaune ?
Issu du savagnin, cousin du traminer alsacien qui aurait été envoyé par des religieuses hongroises aux chanoinesses de Château-Chalon, et d’un sous-sol de marnes grises foulées par les dinosaures, le vin jaune naît blanc. Il est ensuite conservé en barriques de 228 litres pendant 6 années, juste protégé sur l’ensemble de sa surface d’un voile naturel formé par les levures quelques mois après la récolte. De cette latence, le savagnin sort conquérant, renforcé par son enfermement pour mieux exploser de saveurs uniques. Tout le temps où le vin est resté dans le bois, il s’est replié sur lui-même, nourri seulement de ses levures, il a maigri au point qu’une bouteille de taille 75 cl ne lui va plus : il lui faut un clavelin de 62 cl. Toutes les appellations du Jura en produisent : Côte du jura, Arbois, L’Etoile et Château-Chalon, où il est l’élu.

Quand Mumm nous envoie en l’air

dimanche 16 octobre 2011


C’était il y a quelques temps déjà : le mercredi 28 septembre dernier, la fameuse marque de Pernod Ricard conviait quelques journalistes à un voyage des sens de Paris à Reims. Certains, craignant une mort précoce et quelque peu indélicate, décidèrent de s’en remettre au train. Mais la jeunesse a le cœur intrépide, et je ne me le fis pas dire deux fois quand on m’invita à grimper dans l’hélicoptère qui devait nous mener dans le bien connu fief champenois.

J’entends d’ici les récriminations des meilleurs d’entre nous et tiens à les rassurer : certes, ce voyage était tout sauf écologique mais il avait tout de même une visée didactique. Au-delà de griser quelques plumes du monde journalistique en leur redonnant l’impression de voler, ce doux automne nous fournissait l’occasion rêvée de découvrir, vus du ciel, les grands crus champenois de Cramant, Avize, Aÿ, Verzenay et Bouzy. Bien sûr, l’initiative n’était pas innocente. Notre pétillant pèlerinage sur la terre des saintes bulles avait en effet pour salutaire objectif de nous présenter le dernier né de la gamme Mumm : le brut sélection, savant assemblage de ces cinq grands crus.

Une fois arrivés dans le saint des saints, nous eûmes le singulier plaisir de découvrir l’univers très sophistiqué et mécanisé made in Mumm : un cours passage par le labo nous donna un aperçu de l’impressionnante maîtrise technique. Suivi de production, surveillance des raisins, supervision des cuveries, programmation du cycle de température, d’oxygénation, d’agitation… Tout y est savamment orchestré par de puissants systèmes automatisés. Rien ne semble laissé au hasard car la science fait finalement si bien les choses. Un cours passage par les cuves nous révéla par la suite l’ampleur de la modernisation intervenue de 2008 à 2010 : cuves flambant neuves thermorégulées aux capacités prodigieuses. Après un tel exposé éblouissant de scientificité, il nous fallait bien goûter en compagnie de Didier Mariotti, chef de cave, le résultat de tant d’investissements.

Après une dégustation difficile de quelques vins de réserve aux acidités particulièrement prononcées, je restai un peu sur ma faim. Difficile de projeter ces vins encore jeunes et en proie aux affres de l’adolescence dans un avenir proche et radieux. A fortiori lorsque l’on sait qu’ils donneront naissance à de complexes assemblages, car il s’agit alors d’envisager leur futur en tenant compte des mille et une possibilités que peuvent offrir leurs différents assemblages. Autant dire que la tâche se révélait être herculéenne, et que nous manquions de demi-dieux à la table des négociations pour prétendre présider aux destinées de ces précieux fluides. Et pourtant, quelle assemblée ! Michel Dovaz, Roger Pourteau, Nicolas de Rouyn pour ne citer qu’eux. Les plus téméraires s’aventurèrent à quelques commentaires, mais les sages qui avaient le plus de bouteille (et d’heures de vol) se contentèrent d’interroger notre hôte chef de cave sur sa philosophie.

A l’issue de cette dégustation qui avait poussé nos gosiers dans leurs derniers retranchements, nous gagnâmes la maison Cordon Rouge pour un déjeuner en extérieur s’il vous plaît, au milieu de buis parsemés pour l’occasion de quelques roses. Après l’effort, le réconfort dit-on : les deux Philippe des Crayères, Mille et Jamesse, ont su redonner ses lettres de noblesse à ce poncif désuet.

L’idée très séduisante : nous proposer cette nouvelle cuvée à différents degrés pour nous accompagner tout au long du repas. Guidé par les explications savantes de notre précieux sommelier, nous entamâmes donc les hostilités avec un carpaccio de langouste rose marinée au miel d’acacia. Je n’ose ajouter que ce sympathique crustacé était délicieusement accompagné d’un chutney de girolles et toasts melba à la tapenade. Oups, c’est dit. Pour lui donner la réplique, le brut sélection nous était servi aux environs de 6-8 degrés, histoire de souligner sa minéralité.

Avec pareille entrée en matière, la route était toute tracée : et quelques coquillages juste ouverts à la vapeur de curry en vichyssoise iodée de grains de caviar vinrent se frayer un chemin sur la table immaculée. Je les accueillis avec le bonheur que vous pouvez imaginer, mais aussi l’exigence de ceux qui sont nés près de l’océan et ont su très tôt en apprécier les bienfaits. Le brut sélection pour l’occasion avait revêtu les accents du chardonnay, égrenant sur nos palais quelques notes de citron et de pamplemousse pour prolonger avec goût les expressions iodées du plat.

Jaloux de l’envahissant chardonnay, le pinot noir se fit un devoir de prendre la relève aux alentours de 10-12°. Ses expressions de sous-bois et ses discrètes notes de pêche et d’abricot tutoyèrent, avec raison, un sublime filet de veau de lait et feuilles de figuier en croûte de sel. Quelques tagliatelles de salsifis aux arachides et olives, un jus parfumé au soja et au coriandre à ses côtés. En somme : « Coupez ! Pas besoin de la refaire, passons à la dernière scène. »

Final oblige, le dessert scella la réconciliation du chardonnay et du pinot noir autour des 12-14°. Une pointe de miel, quelques notes épicées, peut-être un rien de violette : c’est le vin non son accompagnement, mettons-nous d’accord. Dans l’assiette, un crottin de chavignol habilement découpé recouvrait de ses généreuses tranches une belle lamelle de poire juste snackée et poudrée de pain d’épices. Je ne vous en dis pas plus et laisse à votre imagination le bonheur d’y déposer mille saveurs.

En un mot, chapeau bas aux Philippe qui ont su souffler le chaud et le froid et sublimer cette cuvée de leurs savantes associations. Si, de votre côté, ces quelques lignes vous ont donné l’envie de vous forger votre propre idée, vous trouverez la cuvée brut sélection très prochainement chez vos cavistes à un prix d’environ 42 euros.

Guillaume Dubois fait ses courses à Bruxelles, capitale de la gourmandise

lundi 19 septembre 2011

Pour une fois, il ne s’agit pas d’une blague de mauvais goût sur les belges car Bruxelles est bel et bien une ville de gastronomie. Pour vous en convaincre, sautez dans le Thalys et venez donc déguster quelques unes des spécialités de cette capitale bigarrée.
Premier de votre longue liste de rendez-vous, la Grand Place en plein cœur de la ville, où vous trouverez la Guilde des Brasseurs et la maison des Maîtres Chocolatiers Belges. Mais quitte à explorer la ville, prenez la peine de rendre visite à quelques uns des plus fameux artisans.
Côté chocolat, si vous ne jurez que par la France et la Suisse, rendez-vous chez Pierre Marcolini, rue des Minimes. Ce champion du monde (1995) et d’Europe (2000) de pâtisserie saura vous rappeler que la Belgique est aussi une terre de chocolats : goûtez donc au passage la spécialité locale, la praline belge. Dans ses magasins, vous trouverez aussi des tablettes de chocolat grand cru de propriété, car le maître sait que la première des qualités d’un bon chocolat est l’origine de la fève. Brésil, Equateur, Trinidad, Ghana, Java, Madagascar ne sont que des pays, lui travaille localement avec des exploitations qu’il a sélectionnées pour la qualité et la typicité de leurs fèves.
Côté spéculoos et pain d’épices, rendez-vous chez Dandoy, cette petite boutique derrière la Grand Place est incontestablement la référence du genre : tendres, expressifs, aromatiques, les pains d’épices sont de pures merveilles. Ce serait un crime de ne pas y goûter. Quant au spéculoos : je vous laisse vous faire votre propre idée, mais sachez tout de même que Dandoy est l’un des plus anciens faiseurs de ce délicieux biscuits.
Côté bières, les adresses ne manquent pas. Les amateurs de sensations fortes se rendront à n’en pas douter au Délirium, gigantesque bar à bières où l’ambiance est toujours très animée. Les amoureux des petits recoins s’en iront à l’imaige de Nostre-Dame, un estaminet de charme de l’impasse des Cadeaux où ils se feront un devoir de goûter à la Bourgogne des Flandres. Cette bière blanche regorge de saveurs fruitées et prolonge ses notes aromatiques très longtemps après la dernière gorgée.
Côté frites, les baraques ne manquent pas. Si vous souhaitez coûte que coûte flirter avec l’excellence, rendez-vous à celle de la plage Eugène Flaget dans la commune d’Ixelles. La double cuisson spécifique des frites belges, sur laquelle le Cuisine et Vins de France du mois d’octobre pourra vous éclairer, est ici parfaitement réussie. Croustillantes à l’extérieur, fondantes à l’intérieur avec des arômes légèrement noisettés : ces frites sont à se damner.
Enfin côté marché, il vous faudra attendre le dimanche matin entre 6 et 13h pour découvrir le plus fameux : le marché de la gare du Midi de Bruxelles. Spécialisé dans l’alimentaire, ce qui n’est pas neutre à Bruxelles pays des brocantes et des marchés de vêtements, vous y trouverez tous les fruits et légumes dont vous avez toujours rêvé. Attention toutefois, les prix sont parfois un peu élevés et il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie.   
Amis gourmets, Bruxelles vous salue.


G.D.

Retrouvez notre guide Guillaume en Belgique dans la rubrique  « Venus d’ailleurs » du  numéro  de novembre de Cuisine et Vins de France, en kiosque le 6 octobre

Inès de la Fressange dérape sur le rosé en Ferrari

vendredi 9 septembre 2011
Pourquoi les journalistes ne vendangent-ils pas en vert ?

Cette pratique consistant à éliminer le surplus de grappes pendant l'été, appliquée à la presse, permettrait d'améliorer une récolte d'articles sur le vin pas toujours de la qualité d'une grande année. En ces temps de vendanges, les rendements des magazines  dépassent largement les seuils acceptables par le lecteur moyen qui ne sait plus à quel vin se vouer.  Pourtant en éliminant les excédents parfois pléthoriques d'une presse qui se veut bien pensante sur le vin, on ne serait certainement pas tombé sur cette interview si exceptionnelle d'Ines de la Fressange dans Le Figaro.
L'ancien mannequin qui semble-t-il, a passé ses vacances sur la Côte, à côtoyer le milliardaire tropézien affirme que « les rosés de Saint-Tropez ne sont pas des Ferrari de la grappe ». Elle avait précisé, au début de l'article  ne pas être spécialiste du vin. On s'en serait douté madame de la Fressange, car comparer du pinard et une bagnole, il faut être sacrément en panne de métaphore.  Certes comme me le rappelait Philippe Faure-Brac(meilleur sommelier du monde) à qui j'ouvris mon cœur concernant ce vin qui me tient au corps : « la comparaison est mal choisie puisque Ferrari c'est rouge » !
Et puis c'est un peu vulgaire, on est loin de la Rolls Royce à bord de laquelle, Karl Lagerfeld, le mentor de la belle Ines a débarqué un beau matin pour prendre son petit déjeuner à… Saint-Tropez. Mais lui, on  le sait déjà, ne boit que du coca.
Si les dents de certains spécialistes ont grincé , le sujet a fait doucement rigoler lors du lancement parisien d'un guide sur le vin où  force  étiquettes de rouge et de blanc étaient servies, mais  où rosé brillait par son absence.
Est-il donc si terrible qu'on n'ose le montrer, ou si délicieux qu'il est un péché ?
C'est vrai que l'anagramme de rosé est Eros. Il existe donc encore des tabous au pays de Bacchus.

Hors Série Vins – Cuisine et Vins de France « Les 500 Meilleures bouteilles »

lundi 5 septembre 2011
Vous vous posez peut-être la question : mais comment font-ils pour goûter tous ces vins, plusieurs centaines par dégustateur ?

Sachez d’abord que c’est un vrai plaisir. Préparer un reportage dans le vignoble depuis un bureau parisien, c’est déjà de l’exotisme. Survoler par la pensée les coteaux superbes, aspirer à de juteuses trouvailles, rêver de rencontres particulières, imaginez un couloir qui sent les fruits, les fleurs, les épices, la terre et, au bout, une lumière, celle du vin sensible qui se détache du lot. Jamais on ne se lasse de goûter ces vins réunis par des interprofessions : des quilles en chaussette pour couvrir pudiquement leur origine et  que l’on déshabille dans une frénésie jubilatoire pour découvrir l’étiquette qui se cache derrière la jolie note attribuée. 

Et puis partir, lâcher tout pour quelques jours de plongée dans des caves, tous les sens en éveil : la vue, l’odorat, le goût, le toucher, l’écoute… 
Catherine Gerbod, Chantal Sarrazin, Guillaume Baroin, Alexis Goujard, Guillaume Dubois, Philippe Maurange et Michel Smith vous livrent leurs coups de cœur sans forfanterie, ils sont nos marquis (ses) de la dégustation. C’est vrai qu’on cherche tous à dénicher  « La » bouteille, celle qui se déguste sans y penser juste pour le plaisir, celle qui embellit la vie, plaît aux copains et s’installe dans l’armoire à vin comme la petite robe noire dans la penderie. Tous les vignobles offrent cette bouteille-là  mais tous les vignobles offrent aussi l’exceptionnel, le vin que l’on boit une fois dans une vie, celui dont on se souvient longtemps après la dernière gorgée…

Pourtant ces bouteilles ne sont là que parce que, derrière, il y a des hommes, des femmes pour les imaginer, les rêver, les vinifier ; fiers de la tâche accomplie ils sont aussi présents dans nos pages.

A bon entendeur, « salute » !

Il est Vivant !

lundi 1 août 2011
Photo par Jean-Luc Barde
Il avait Racines, le bistrot aux vins natures et au lard de Colonnata détaillé à la machine. Il est parti. Dans la Drôme. Il revient pour nous emmener ailleurs. Un ancienne oisellerie du début de siècle, devenu un bar poussiéreux et 4 mois de travaux plus tard, l’ami Jancou fait chanter les fresques murales de son confidentiel bar à vin au son du tire-bouchon. Sa cave toujours aussi confidentielle affiche quelques perles totalement méconnue : un gamay d’Auvergne de Beaugé, un sancerre de Riffault, un beaujolais de Ducroux et toujours les quilles solognote de Courtois son mentor…. Ses chaises et tables en formica donnent le ton, ici c’est simplicité, sourire convivialité et gourmandise. Massimo en cuisine réveille une burrata de quelques épices, grille un boudin noir comme personne ou rôtit une poularde avant de l’allonger sur un lit de racines… Pour les produits comme pour les vins, c’est direct depuis le producteur jusqu’à la cuisine du 43 rue des petites Ecuries dans le 10ème.

43 rue des petites écuries. Paris 10e
Tél. 01 42 46 43 55. Compter 40 € par personne.

Un dégustation hors-norme #1

mardi 26 juillet 2011
97% des vins que nous dégustons à la Revue sont âgés de 2, 3, 4 ans max. Les plus grands sont timides, serrés, sur la réserve. Le jeu est de les noter en estimant leur potentiel de garde. Nous verrons dans plusieurs années si les 2008 de Champagne sont étincelants, si les 2009 de Bourgogne sont magnifiques, si les 2009 de Bordeaux sont immenses...

Mercredi dernier, deux fous, deux frères, nous ont offert une dégustation spectaculaire(issime) !


Dans un restaurant du VIIe arrondissement de Paris le bal commence avec un magnum de blanc de blancs fougueux, tranchant serré, encore très jeune sur des notes grillées et d'agrumes. La matière est belle et fraîche, facile, un poil consensuelle : Dom Ruinart 1998 (16,5/20). Déjà 13 ans mais il impressionne par son incroyable jeunesse, les impatients le passeront en carafe, les autres attendront au moins trois ans pour la sabrer.




Dd'O dégaine un magnum doré, évolué, col(or)é, finement boisé, cire d'abeille, morilles, miel... L'effervescence s'estompe dans le verre, mais le jus est vineux et impressionne par sa puissance douce canalisée tout en longueur. Bien épanoui, un fil d'acidité est encore là pour le faire tenir, il fallait l'ouvrir ce soir ! Une poularde aux morilles fera l'affaire du champagne de James Bond dans Demain ne meurs jamais : Bollinger La Grande Année 1989 (17/20



En réponse, JM sort de sa jupe une bouteille de Bollinger La Grande Année 1999 (17,5/20), riche, vineux, d'un fruit mûr et brillant, il trace une allonge intense et fraîche. Un délicieux classique de Grande Année. Racée, c'est une version plus tonique qui ira beaucoup plus loin que le 2000, rond, dodu et bien ouvert, la pointe mentholée ne saura lui donner assez de fraicheur pour durer. A boire absolument.


Mine de rien, nous voyons nos verres se défaire doucement de leur robe dorée... Les effervescents laissent place tranquillement au Meursault-Perrières 2004 des Comtes Lafon. Un bouquet très murisaltien s'ouvre doucement, une chair poignante, dense et grasse mais tendue par la minéralité du premier cru. Schizophrène, pour les novices, il se montre ultra-gourmand, pour les amateurs, il se change en grand meursault perforant. Le genre de bouteille qu'on boit d'un trait. En face, un corton-charlemagne 2000 de Roumier est bien évolué, facile, enrobant avec une pointe exotique, l'émotion n'est pas aussi grande. Buvez-le !



Les rouges ne couraient pas la table ce soir là mais le Clos de Tart 1998 impressionnait par sa concentration, sa puissance et sa droiture. Encore jeune et une structure carrée, mais un grain de tanins très très fin. A garder longtemps, longtemps...






Nous terminons la soirée avec un magnum de Comtes de Champagne 1964 (même pas né !) qui malheureusement n'avait pas survécu. Certainement à cause une vie malmenée... De la même année, JM est bien mieux conservé ((((:

Quelle soirée ! Thank you the foos !




Autres vins dégustés:
Charmes-Chambertin Joseph Roty 2004
Laurent Perrier Grand Siècle des années 1970 magnum
Dom Ruinart 1986 magnum
Sauternes Château Coutet 1964

Le Relais Louis XIII, révélation des sens et du portefeuille

lundi 18 juillet 2011
Rue des Grands Augustins, les mythes se côtoient : au 7, l’ancien atelier du plus célèbre des cubistes, au 8 le fameux restaurant du plus juste des chefs parisiens. Au relais Louis XIII tout respire le bon goût et la sobriété à l’ancienne : le splendide plafond à la française avec poutres apparentes couvre de son œil bienveillant une petite salle de restaurant décorée avec soin et goût, dans le souci de laisser à chaque convive son intimité. En y entrant, on quitte l’effarant empressement de la modernité parisienne pour gagner une temporalité
propre à l’établissement. L’accueil tout en simplicité témoigne d’une adresse qui n’a plus rien à prouver et dont pourtant on ne parle pas assez, en dépit de ses deux étoiles au Michelin.

Manuel Martinez, le chef, a fait ses classes à la Tour d’Argent, excusez du peu. Meilleur Ouvrier de France, il s’est installé depuis 1996 dans ce restaurant d’art et d’essai du quartier Saint Germain. Amateurs avertis, courez-y : il en existe peu de semblable à Paris. Il n’est plus besoin d’écumer les palaces tape-à-l’œil et d’y laisser son portefeuille lors des anniversaires, des mariages, des fêtes de famille…. 50€ par convive le midi, 80 le soir, le Louis XIII vous ouvre sa carte : un amuse bouche, une entrée, un plat et un dessert au choix. Et bien sûr, un bon souverain n’oublie jamais de couvrir de petites attentions ses hôtes d’un jour : mignardises avec le café et une carte des vins restreinte mais qui ne souffre aucune médiocrité : Guigal, Vernay, Dauvissat… à des tarifs raisonnables. Mon conseil : Vincent Pinard, Nuance 2009 en Sancerre.

Dans l’assiette, une cuisine de saison qui a juste sur tous les tableaux : pas de surenchère inutile de saveurs, des cuissons parfaites, des portions généreuses sans être excessives, un service classique en trois temps et au rythme des convives. Je vous laisse, il est temps pour moi d’aller y déguster quelques ravioles de homard, un ris de veau aux fèves ou peut-être un saint-pierre pour 50 malheureux deniers en plein cœur de Saint Germain. Une cuisine juste à un prix dérisoire : la simplicité du produit dans sa plus belle maturité alliée à l’intelligence d’un service qui sait s’effacer pour prolonger le songe d’une gourmandise d’été. On se donne rendez-vous là-bas ?

G.D.

Le Relais Louis XIII, 8 Rue Grands Augustins - 75006 Paris. Tél. 01 43 26 75 96
Menu: 50 € (midi), 80 € (soir sauf le samedi)
Carte: 130 à 150 €

De retour du Jura

mardi 28 juin 2011
Avec du savagnin plein le nez, des marnes grises, bleues ou roses plein les yeux et le Revermont en toile de fond : trois caves parmi tant d'autres signent la formidable originalité des vins du Jura, vignoble du passé, du présent et surtout de l'avenir.
En avant -première en attendant la sortie du Hors Série Vins de Cuisine et Vins de France fin août.
Les photos sont de Jean-Luc Barde, les décors du Jurassique et les costumes des vignerons. 


Denis Grandvaux, Franck Vichet et Nicolas Baudet
Denis Grandvaux, Franck Vichet et Nicolas Baudet
Le Caveau des Byards est statutairement une coopérative qui fonctionne comme une cave particulière et pour cause… Seulement 40 hectares de vignes et 16 coopérateurs dont deux cumulent 33 hectares : Denis Grandvaux et Franck Vichet en compagnie de Nicolas Baudet, le caviste. Avec une forte  proportion de chardonnay dans ses approvisionnements, la cave excelle dans la production de  crémants dont une bulle née en 2008 (8€), pour rafraîchir n’importe quel apéro. En rouge ,le trousseau 8€ à la cerise fraîche aux notes épicées et à la finale sur le cassis vaut aussi un beau gibier. Le côte du jura Gryphée du nom du fossile du coin, élégant dans son costume oxydatif, on trouve aussi un étoile, un vin jaune très fin soit toute la gamme des appellations du Jura
Caveau des Byards
39210 Le Vernois
Tél. 03 84 25 33 52
www.caveau-des-byards.fr


Julien et Charline Labet
Trois Labet sur un domaine élèvent chardonnays et savagnins en suivant la plus noble des philosophie : l’Epicurisme. Tout n’est que plaisir derrière les étiquettes d’Alain, Julien et Charline, qui produisent peu de jaunes, mais une ribambelle de cuvées très distinctes puisque respectueuses du terroir. Les levures sont celles de la cave et de la vigne ; les vins vivent en barriques protégés et nourris de leurs lies. Julien Labet a isolé 3 hectares sur le domaine familial pour travailler ses propres étiquettes et la pureté de sa ligne. Au top niveau de la dégustation : les Varrons 2008  pur produit de la nature, sans souffre, cristallin comme l’eau de roche, mais c’est du vin ; Fleur de Savagnin 2009, floral et salé dans sa finale ou Fleur de Chardonnay , juteuse gourmandise. Enfin parce qu’il faut s’arrêter –à contre cœur-  le Chardonnay En Chalasse 2009 sans souffre que l’on découvre dans les finales, plus intense que jamais. Les vins de Julien ont cette intensité merveilleuse surtout en milieu et en fin de bouche, lorsque les marnes du lias  disent la minéralité du vin.
Domaine Labet Vignerons
30190 Rotalier
Tél. 03 84 25 11 13

Anne-Laure et Damien Petit
Parce que, pour mieux revenir il faut partir, Damien s’en est allé vinifier de part de monde. De retour il rachète avec Anne-Laure la totalité du domaine familial de leur grand père Désiré Petit. Le Jura était enclavé, il  lui font passer les frontières de la Franche-Comté ouvrant chaque année en juin leur cave pour recevoir des milliers d’admirateurs de leurs cuvées issu d’un vignoble de 24 hectares qui prend la tangente bio. L’Essen’ciel 2009 est un arbois pupillin savagnin (10€), au nez intense de camomille, finement boisé sur une trame vive et fraîche soutenu d’une légère amertume. Avec leur ploussard , ils composent un 2009 ferme en bouche, éclatant de gourmandise avec un fruit délicat qui s’étire en bouche ( 7,40€) . Enfin leur vin jaune d’Arbois, offre dans son millésime 2003 (26,90€), l’harmonieuse intensité des grands savagnins à la complexité auréolée d’une pointe de tabac et de curry .



Domaine Désiré Petit
39600 Pupillin
Tél. 03 84 66 01 20
www.desirepetit.com

 

Domaine de Courcel Pommard 1er cru Grand Clos des Epenots 1999

dimanche 19 juin 2011
Mon carnet de dégustation Excel le dit catégoriquement. Il aura fallu attendre le 768e vin dégusté pour le Guide des meilleurs vins de France 2012 pour éprouver une telle sensation. Plantureux, trapu, costaud... des adjectifs peu flatteurs souvent utilisés pour décrire un pommard. Pourtant, le pinot noir peut puiser sa finesse et son élégance dans les argiles, marnes et calcaire. Le premier grand clos des Epenots 1999 du domaine de Courcel en est la parfaite illustration. Un bouquet parfumé, encore légèrement sur la retenue, sur des notes de griotte, fraise, violette, poivre, clou de giroffle, sous-bois... Une palette complexe infinie. Il se glisse doucement en bouche, enveloppe la langue et là... Une expérience rare en dégustation. La chair tendre et épaisse de ce chaleureux 99 se déploie. Onze ans mais vigoureux, voluptueux, il encercle le palais de ses saveurs d’épices et d’humus et se fait guider par ses infatigables tanins. Il évolue noblement tiendra encore longtemps. Nous le regoûterons dans dix ans. Marqué par le temps, il garde toute la beauté et la vitalité de sa jeunesse. D'une parfaite harmonie. Somptueux. Un grand bourgogne. Y a plus qu'à trouver une bouteille pour la siroter avec un pigeon... des Dombes.
19/20
Prix: N.C.